Certains objecteront peut-être qu’un « parti de la survie » serait plus opportun. Il est en effet théoriquement encore possible d’agir pour assurer la survie de l’espèce. Un individu isolé confronté à ce genre de situation sautait agir. Mais l’individu au sein de la société n’a pas cette capacité de réaction. En pratique, nous sommes emportés à grande vitesse et il n’est plus possible de nous arrêter.
Pour réussir, un parti de la survie devrait proposer par exemple non pas de ne pas construire un nouvel aéroport à Nantes ou d’adapter l’aéroport existant. Non, il devrait proposer la fermeture de l’aéroport nantais, ce qui n’est pas aujourd’hui une des options du débat. Un parti de la survie devrait proposer un changement radical, et devrait aussi obtenir le pouvoir d’ici une vingtaine d’années sinon il aurait échoué, vaincu par la montre. De plus, il devrait pouvoir agir à l’échelle mondiale. Un tel niveau de bouleversement n’est jamais arrivé dans l’histoire de l’humanité. Seule l’extinction pourra le produire, lorsqu’il sera déjà trop tard.
Un parti de l’extinction vise au contraire à diffuser ses idées. Il complète les programmes des autres partis sans s’épuiser à les remettre en cause. Il vise à protéger la dignité de l’humanité. Son existence est déjà sa réussite. Nous pouvons nous préparer à notre disparition mais il n’est plus en notre pouvoir de l’empêcher. Il s’agit d’un devoir moral : inscrire une marque dans l’histoire de l’humanité prouvant que l’humanité était consciente de se jeter dans le précipice, qu’elle avait la volonté de réagir mais pas la capacité. Il s’agit aussi d’un appel à l’aide. Nous qui sommes conscients de l’extinction voulons être accompagnés dans ces derniers instants, ne pas rester isolés. Ce parti permettra de nous fédérer, de nous réconforter, d’apprivoiser nos peurs.